Deux membres de l'équipe de GateShip-One.net ont eu la chance d'assister au doublage français d'épisodes de Stargate Atlantis : compte-rendu et impressions, juste à temps pour le début de la saison 2 sur M6 !
Avant tout, nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont permis d'assister à cette journée de doublage : la société Franc Jeu, Catherine Brot et bien sur tous les comédiens présents. Ils ont tous été d'une extrême gentillesse et ont rendu cette journée très agréable !
Fiche technique du doublage de Stargate Atlantis :
Directrice artistique : Catherine Brot
Pierre Tessier...John Sheppard
Jérôme Rebbot...Rodney McKay
Gaëlle Savary...Teyla Emmagan
Arianne Deviegue...Elizabeth Weir
Guillaume Lebon...Carson Beckett
Etaient également présents les comédiens doublant Ronon Dex, le Dr Zelenka et le lieutenant Cadman : je ne connais malheureusement pas leurs noms mais si quelqu'un a l'information, qu'il n'hésite pas à le signaler !
Généralités sur le doublage :

Avant toute chose, comme on l'entend souvent, on ne devient pas "doubleur" (le terme est d'ailleurs utilisé dans un mauvais sens) mais comédien : en effet, le doublage est une activité qui ne s'improvise pas et qui demande un réel talent pour la comédie. Cela permet à un comédien de se diversifier mais aussi, ne le nions pas, de gagner sa vie ! Cela peut en effet être une solution pour les comédiens qui cherchent à percer.
Le doublage est organisé par des sociétés spécialisées qui font appel à des studios de postsynchronisation. Un studio d'enregistrement se présente sous la forme d'une salle insonorisée équipée d'un matériel d'enregistrement et de mixage , ainsi que de projecteurs pour l'image et la
bande rythmo.
Vous allez alors vous demander "qu'est-ce que la bande rythmo ?" : grossièrement, il s'agit de la bande sur laquelle défile le texte français que les comédiens doivent jouer. Ce texte a été traduit par un adaptateur, qui bien souvent aujourd'hui doit aussi s'assurer de la cohérence avec le mouvement des lèvres.
La bande rythmo est écrite à la main et synchronisée à la perfection avec les images de l'épisode. Le comédien se base sur un repère vertical situé sur la gauche : lorsque le texte atteint ce repère, le comédien joue la scène. Une sorte de karaoké mais en bien plus compliqué, car il s'agit d'adopter le bon ton et la bonne vitesse !
Le travail est divisé en
boucles, qui est un peu une unité de mesure des scènes :
Critical Mass par exemple contenait une cinquantaine de boucles.
Pour des scènes d'interaction entre les personnages, il y a deux possibilités : les comédiens se placent ensemble au micro et jouent leurs répliques à tour de rôle, ou alors on utilise plusieurs
pistes. Dans ce dernier cas, les comédiens jouent la scène mais un à un : ensuite, les répliques sont montées pour obtenir un ensemble cohérent et fluide.
Le doublage de SGA :

Les deux épisodes doublés étaient
Grace Under Pressure (en partie) et
Critical Mass (totalement, du moins pour les voix principales).
La première chose qui frappe est le contexte dans lequel est réalisé le doublage : en effet, les scènes sont doublées dans le désordre, bien souvent en fonction du comédien présent au micro. Du coup, les comédiens sont assez perdus et connaissent mal l'histoire de l'épisode : la directrice artistique est là pour les renseigner mais les conditions ne sont vraiment pas évidentes, surtout dans une série comme
Stargate Atlantis avec ses dialogues souvent techniques.
En parlant de dialogues, venons en au personnage qui est surement le moins évident à doubler, à savoir Rodney McKay !
Jérôme Rebbot est la "voix" française du personnage, et la tâche n'est pas aisée. Comme vous le savez, les répliques scientifiques sont nombreuses et ce n'est pas évident de prononcer dans la même phrase les mots "E2PZ", "surcharge énergétique" et "point de rupture" en ayant découvert le texte 5 minutes auparavant.
En effet, la découverte de la boucle est très rapide : les comédiens la visionnent une fois en version originale afin de s'imprégner de l'ambiance et du ton des personnages, sans oublier de mémoriser en partie le texte. Ensuite, il faut se lancer !
Bien sur, les cafouillages sont nombreux et les moments de rigolade ne manquent pas : fort heureusement, la technique d'aujourd'hui permet de ne réenregistrer que certaines phrases mal passées sans être obligé de refaire toute la boucle. La directrice artistique,
Catherine Brot, ainsi qu'une technicienne (ce jour là Marion), veillent à ce que le son soit bon, le texte audible et les répliques en accord avec le mouvement des lèvres. Pour cela, la directrice artistique dispose d'une petite télévision et d'un casque pour écouter en direct le jeu des comédiens et intervenir en cas de problème.

Parfois, le texte français ne s'adapte pas bien à ce qui se passe à l'écran et il faut alors rajouter ou retirer un mot, voire même modifier des petits morceaux de phrases. Bien souvent se posent des problèmes de grammaire française, ce qui donne lieu à de petits débats dans l'équipe ! De plus, tout ne dépend pas d'eux (loin de là malheureusement) et si le diffuseur (en l'occurence M6) n'est pas satisfait d'un passage, il peut très bien demander un
retake, c'est à dire réenregistrer une partie de l'épisode donc reconvoquer toute l'équipe...
M6 est également la raison pour laquelle les accents de la version originale (Beckett et Zelenka) n'ont pas été conservés en fançais : en effet, il semble que les diffuseurs n'aiment pas du tout intégrer des accents aux séries. Le but pour eux est que l'épisode soit facilement compréhensible, donc que les spectateurs comprennent immédiatement le texte.
Malgré les difficultés rencontrés, malgré le temps passé sur certaines boucles, l'enregistrement d'un épisode se passe dans une très bonne ambiance et je remercie à nouveau toute l'équipe pour son accueil !
Les impressions de Rieval :

Diable, qui aurait pu croire que doubler un épisode de SGA ressemble ... au parcours du combattant ! Pas de wraith ici, mais quelque chose de pire : le rendement. Sur deux jours, deux épisodes doivent ainsi être doublés, en respectant les conditions de qualité strictes imposées par la chaîne de diffusion (M6).
Le déroulement du doublage est en lui-même un marathon physique ! Ainsi, Jerôme (qui double le docteur McKay) nous avouait qu'après les séances de doublage de SGA, il ressentait physiquement la tension qui transparaît à l'écran et qui fait que McKay ... est McKay, un personnage survolté ! Voilà qui s'appelle se glisser dans la peau du personnage.
Et justement, le trio que nous avons rencontré hier est un peu à l'image des personnages qu'ils doublent : Ariane a la dignité du docteur Weir, Pierre, l'esprit un peu taquin de Sheppard et Jérôme, la nervosité et l'exigence du docteur McKay. Ce dernier a d'ailleurs parfois un peu de mal à comprendre ce qu'il raconte (mais je crois savoir que c'est aussi le cas de David Hewlett) : pas grave, il est parfaitement dans le ton et le résultat est parfaitement convaincant (même lorsqu'il est question d'EPPZ et autre " technodélire ").
Croyez moi, ces quatre heures passées en studio ont été une révélation, celle de la grande professionnalité de ces acteurs de talents, aux visages anonymes, qui prêtent leur voix et leur passion à nos personnages préférés.
Les difficultés à surmonter sont multiples : passage d'un épisode à un autre, passage à l'intérieur d'un même épisode, d'une séquence à une autre, enregistrement sur une bande (une seule voix) ou ensemble, ... Il faut aussi complètement rejouer la scène (sous l'oeil attentif et plein de bienveillance de la directrice artistique, Catherine) avec pour seule indication la version originale.
Et bien sûr, il y a la question de l'adaptation : les traductions françaises sont parfois un peu loin de la version originale, par manque d'expression identique ou approchante. Les acteurs de doublage réécrivent parfois la traduction proposée lorsqu'ils " sentent " qu'elle ne collera pas à la scène (dans ce cas, deux bandes sont faites, celles avec la traduction imposée et celle avec la proposition des acteurs, la chaîne de diffusion ayant le dernier mot).